
« Un ancien poème Égyptien dit : ‘’Nil, Nil, Nil, fleuve impétueux et tumultueux, tu es comme notre reine la source de la vie !’’ »1
Cet été, j’ai décidé de partir faire une croisière sur le Nil, seule… ou presque. N’ayant aucun projet de vacances, j’ai choisi de partir via « Copines de voyage » dont le concept est de voyager uniquement entre filles. Un peu craintive au départ, je me suis finalement résolu à sauter le pas et partir en Égypte, au pays des pharaons. Faire une croisière sur le Nil était un rêve, je m’y voyais déjà, flânant sur le pont, admirant le Nil et ses paysages à la fois verdoyants et arides, résolvant le meurtre de Linett Ridgeway… oups, je m’égare, ça c’est dans Mort sur le Nil (oui, je suis une fan d’Agatha Christie). Mon voyage était programmé du 9 au 16 août, manque de chance, durant une semaine qui s’annonçait caniculaire : on m’a qualifié à la fois de « folle » et de « courageuse » de partir en Égypte en août, mais peu m’importais, je savais que j’allais faire un voyage extraordinaire.
« Et là, une grande allée avec plein de statues, qu’on appellera la grande allée avec plein de statues. »
Jour 1
Le jour du départ, nous avions rendez-vous à l’aéroport Charles de Gaulle à 16h30. C’est donc à la fois fébrile et surexcitée que j’ai rencontré les Copines, dans le hall du terminal 3 : Kim, Johanna, Maylis, Gwen, Stéphanie n°1, Nathalie, Léonie, Raphaëlle, Virginie, Stéphanie n°2 et Aurélie. Nous venions toutes de différents coins de France : Paris, Nantes, Bordeaux, Nîmes, Marseille, Ardèche, Picardie. D’abord un peu réservées et sans doute intimidées de se rencontrer pour la première fois, la glace a vite été brisée, les premiers fous rires ont eu raison de notre retenue, je sentais pour ma part que l’entente serait mutuelle et entière (pourtant, dans un groupe de 12 filles, il aurait été permis d’en douter).
Une fois à bord du vol en direction de Louxor, les vacances commençaient. Aucune des Copines n’était allée en Égypte, c’était donc un voyage inédit pour chacune d’entre nous. Après une arrivée tardive (1h30 heure locale), la douane passée (quelques sueurs froides) et les valises récupérées, nous avons fait la rencontre de celui qui serait notre guide francophone durant notre séjour, Wael. Le pauvre a dû se demander où il mettait les pieds lorsqu’il a vu que nous jacassions sans cesse, posant question sur question, ne le laissant pas terminer ce qu’il devait nous expliquer. De ces vingt minutes de trajet depuis l’aéroport, j’ai simplement retenu que le navire sur lequel nous naviguerions s’appelait le « Da Vinci », que le lendemain nous visiterions les deux temples de Louxor et que le départ serait aux aurores.
À notre arrivée au « Da Vinci », une petite collation nous attendait, attention qui nous avait beaucoup touchées. Certaines Copines ayant la bouche pleine, Wael en a profité pour nous donner quelques informations supplémentaires, certain que cette fois-ci il ne serait pas interrompu. Lessivées par le voyage, nous sommes ensuite parties à la recherche de nos cabines : je partageais la mienne avec Léonie. Du haut de ses 26 ans, cette parisienne d’adoption, réservée et discrète, me plut immédiatement, je savais que l’entente entre nous serait parfaite (la suite du voyage me l’a d’ailleurs prouvé). Mais toutes les Copines n’étaient pas parties se coucher, certaines avaient préféré faire une nuit blanche et profiter de la fraîcheur sur le pont, avant d’entamer une journée qui allait s’avérer surchauffée sur le plan climatique.
« – Il est où le problème ?
– La porte au plafond là !
– Ça ? J’anticipe ! Si vous voulez faire un deuxième étage, paf ! Vous pouvez parce qu’il y a déjà une porte pour y accéder. »
Jour 2
Après une courte nuit (à peine 3 heures…) et un bon petit déjeuner, nous sommes parties à 8 heures visiter les deux temples de Louxor. Située sur la rive droite du Nil en Haute-Égypte, Louxor est connue pour être l’ancienne ville de Thèbes, capitale de l’Égypte ancienne sous le Nouvel Empire, âge d’or de la civilisation égyptienne. D’abord appelée Uast par les Égyptiens anciens (signifiait « sceptre »), la ville a été renommée Thèbes par les Grecs anciens qui trouvaient qu’elle ressemblait à la ville grecque de Thèbes.
Nous avons tout d’abord visité le temple de Karnak, le plus grand temple d’Égypte. Il était consacré à la triade thébaine (les dieux Amon, Mout et Khonsou). Le temple de Karnak a été reconstruit et développé durant 2 000 ans par les pharaons successifs dont Hatchepsout (1479-1457 av. n. è.), Sethi Ier (1294-1279 av. n. è.), Ramsès II (1279-1213 av. n. è.) et Ramsès III (1184-1153 av. n. è.). L’entrée du temple était composée de 40 sphinx à tête de bélier2 ; le temple était relié à celui de Louxor par l’allée des sphinx (plus de 600 !), longue de 3 km. Plusieurs obélisques, dont certains d’une taille impressionnante, sont encore visibles.
À la suite de cette première excursion qui nous en a mis plein les yeux, nous nous sommes rendues au temple de Louxor. Il était dédié au dieu Amon, le dieu de Thèbes3. Sa construction s’est faite entre 1400 et 1000 av. J.-C., sous les ordres des pharaons Aménophis III (la partie intérieure) et Ramsès II (la partie extérieure). À l’entrée du temple se trouve un obélisque, le jumeau de celui qui se trouve à Paris place de la Concorde, offert à la France en 1836 par Méhémet Ali, gouverneur d’Égypte. Chose intéressante, un bâtiment anachronique trône en majesté sur une partie du temple : il s’agit de la mosquée Abou el-Haggag datant de 1244, l’une des plus anciennes mosquées de la Haute-Égypte. Du temple, on peut apercevoir une porte donnant sur le vide (aujourd’hui condamnée) ; cette bizarrerie architecturale s’explique par le fait qu’au moment de sa construction, le sol du temple pharaonique était recouvert de sable, enfouissant ainsi une partie du temple. La mosquée est toujours ouverte aux fidèles et au public qui souhaiterait la visiter.
De retour sur le « Da Vinci », la navigation a débuté à 13h30, direction Edfou. Nous avions l’après-midi de libre. Après une petite sieste (indispensable suite à une nuit de 3 heures), je suis montée sur le pont, malgré la chaleur (43 degrés) et le vent brûlant, m’installant à l’ombre, regardant défiler le paysage bordant le Nil : une rive boisée, l’autre aride et désertique.






- Toutes les citations sont tirées du film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat. Ce sont des clins d’œil à mes copines de voyage avec lesquelles nous avons souvent fait référence au film durant notre voyage. ↩︎
- Le sphinx, caractérisé par un corps de lion et une tête de pharaon, de faucon ou de bélier, fait référence au dieu Amon-Rê et symbolise la puissance physique et l’énergie fécondante. Il était avant tout un gardien, marquant les limites des domaines royaux, ou l’entrée de temples ou de tombeaux. ↩︎
- Amon s’est créé lui-même à partir du Chaos primordial ; il fut plus tard identifié à Rê et renommé Amon-Rê. ↩︎
