« Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné. »
Eugène Viollet-le-Duc, 1814-1879, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle



Les origines du château fort
La toute première pierre du château a été posée au XIIe siècle, par les seigneurs de Pierrefonds. Cependant, à la fin du XIIe siècle, le roi de France Philippe Auguste (1179-1223) s’empare du château, qui demeure par la suite dans le domaine royal[1].
En 1392, le duc Louis d’Orléans reçoit en apanage[2]à la mort de son père, Charles V, le duché de Touraine et le comté de Valois (transformé en duché en 1406). En 1396, il entreprend la reconstruction du château de Pierrefonds, sur un promontoire rocheux, à la lisière de la forêt de Compiègne dans l’Oise. Alors en conflit avec son oncle le duc de Bourgogne, Louis d’Orléans ordonne que Pierrefonds soit une demeure fortifiée. Ainsi, non seulement il affirme sa puissance face au duc de Bourgogne, mais il contrôle également les échanges entre les Flandres et la Bourgogne, ces deux duchés étant l’apanage de son oncle. Mais l’assassinat du duc d’Orléans en 1407 interrompt les travaux du château de Pierrefonds.
Le démantèlement au XVIIIe siècle
Les siècles passent et le château du défunt duc d’Orléans passe de mains en mains et connaît plusieurs sièges destructeurs. En 1617, le château de Pierrefonds est totalement démantelé et détruit sur ordre du roi Louis XIII, afin d’éviter qu’il ne serve de refuge à des opposants de la Couronne, comme par exemple les Bourbon-Condés. Les grosses tours sont démolies, les logements sont détruits et les planchers et charpentes sont brulées.
Pierrefonds redécouvert
Malgré sa destruction, le château de Pierrefonds attire toutefois quelques rares visiteurs, impressionnés par les ruines de cet ancien château fortifié. Surtout, l’apparition du romantisme[3]à la toute fin du XVIIIe siècle, séduit les passionnés du Moyen-Âge qui s’enthousiasment pour les vestiges médiévaux. Ce n’est donc pas un hasard que Napoléon Ier (1804-1814), alors empereur des Français, décide de racheter le vieux château en ruines en 1810, qu’il n’a malheureusement pas eu le temps de restaurer.
Pierrefonds restauré, Pierrefonds transformé
Il faut attendre le règne de Napoléon III (1852-1870) pour que le vieux château de Pierrefonds retrouve enfin sa splendeur d’antan. L’empereur confie en 1857 la restauration à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, alors architecte officiel de Napoléon III. En effet, l’empereur souhaitait en faire une résidence impériale, seulement la défaite de Sedan, l’une des batailles de la guerre franco-prussienne (1870-1871), ne laissera pas le temps à l’empereur de l’habiter.
Grand amateur de l’architecture du Moyen-Âge, Viollet-le-Duc réédifie le vieux château médiéval : il reconstruit les tours et les remparts, reste fidèle au style néo-gothique, alors à la mode au XIXe siècle, mais libère toute sa créativité, mêlant ainsi plusieurs styles : gothique, Renaissance et Art nouveau. Avec Pierrefonds, Viollet-le-Duc bâti un château idéal tel qu’il aurait pu exister au Moyen Âge. Après sa mort, son gendre Maurice Ouradou continue le chantier jusqu’en 1885, mais sans l’achever. Le résultat de cette restauration est spectaculaire, toutefois plus digne d’un château de conte de fées que d’un réel château médiéval.






Pierrefonds et le cinéma
Édifice grandiose et majestueux, le château de Pierrefonds a été maintes fois courtisé par les réalisateurs du 7eArt comme décors de films ou de séries, parmi lesquels Jeanne d’Arcde Luc Besson (1999), Les Visiteursde Jean-Marie Poiré (1993) ou encore la série de la BBC à succès Merlin.
La visite
La visite du château dure entre une et deux heures, selon si vous prenez le temps d’admirer l’architecture intérieure et extérieure, ou si comme certains pour qui la culture se résume à un selfie sur Instagram, vous prenez une photo et passez ensuite à la pièce suivante.
Lorsque vous arrivez aux pieds du château, il faut compter une dizaine de minutes de montées afin d’arriver à la guérite où l’on scanne votre billet d’entrée, sésame ô combien précieux en ces temps de mesures sanitaires liées au Covid-19 ; il est fortement conseillé de réserver son billet en ligne afin être certain de pouvoir visiter ce fabuleux monument, et surtout de ne pas oublier son masque, notre nouvel accessoire de mode.
Une fois que vous êtes arrivés dans la grande cour du château, des panneaux vous indiquent le sens de la visite. À certains points clefs, des guides-conférenciers vous révèlent une anecdote architecturale. Seul bémol, aucun panneau explicatif n’est présent lors de votre parcours, seul un petit fascicule distribué à l’entrée du monument vous permet de vous situer et d’avoir une vague idée de ce que vous observez.
Initiative ingénieuse qu’il faut reconnaître au Centre des Monuments Nationaux, établissement public qui gère près de 100 monuments nationaux, propriétés de l’État, il est possible de faire une visite virtuelle du château, (http://www.chateau-pierrefonds.fr/Explorer/visite-virtuelle).
Pour s’y rendre :
Château de Pierrefonds
Rue Viollet-le-Duc
60350 Pierrefonds
www.pierrefonds.monuments-nationaux.fr
Sources :
Le Centre des Monuments Nationaux
Le site www.herodote.net
[1]Le domaine royal, c’est l’ensemble des terres dont le roi est le seigneur et dont il tire des revenus. Le domaine royal s’agrandit au fur et à mesure des conquêtes du roi.
[2]En France, le roi donnait à ses fils ou à ses frères des terres faisant parties du domaine royal et dans lesquelles ceux-ci étaient les seigneurs. Ces terres en apanage revenaient dans le giron du domaine royal lorsque le détenteur mourrait sans héritier mâle direct.
[3]Dans les domaines de l’art et de la littérature, ce sont des courants d’idées qui s’inspirent du Moyen Âge, de ses valeurs chrétiennes et chevaleresques, en opposition au classicisme et à l’Antiquité.