Nez crochu, chapeau pointu, balais volant… telle est la vision populaire que nous avons des sorcières. Celles-ci sont par nature malfaisantes et malveillantes, ce sont toujours les méchantes de l’histoire. Ce sont celles dont les desseins sont si noirs qu’elles sont associées au Mal et doivent être combattues par le Bien. Au sein de notre société, les sorcières ne sont que des personnages de contes ou de fictions. Vieilles, obsédées par la jeunesse et la beauté, elles vivent dans des maisons au fin fond de la forêt, sorties tout droit de l’imagination d’un auteur qui voyait en elles le meilleur adversaire à mettre sur le chemin de leur héros ou héroïne. Toutefois, depuis une trentaine d’années, l’image des sorcières a changé en profondeur : fini la vieille femme hideuse avec la verrue sur la joue, désormais les sorcières sont des femmes jeunes et séduisantes, courageuses et altruistes. Grande nouveauté, désormais les sorcières sont aussi des hommes.
Mais la sorcière n’est pas une invention de conteurs ou d’auteurs à succès, la sorcellerie est un phénomène universel que l’on retrouve dans plusieurs civilisations et à différentes époques. Dans l’Histoire, les sorcières ont eu une existence bien réelle aux yeux de certaines populations ainsi que de l’Église, qui s’est fait un point d’honneur à les chasser, les juger puis les brûler. Le « best-seller » des chasseurs de sorcières est le Marteau des sorcières, datant de 1486. Il atteste de l’angoisse et de la peur vis-à-vis de tout ce qui a trait à la sorcellerie. Dans l’imaginaire populaire, le Moyen Âge serait une époque d’obscurantisme[1] religieux, regorgeant de superstitions et ayant une science primitive. Ainsi, la chasse puis le bûcher aux sorcières sont étroitement liés au Moyen Âge, période à laquelle les historiens du XIXe siècle, tout particulièrement, ont associé le fanatisme religieux, la violence, la haine des femmes, etc. Or, cette chasse aux sorcières avait essentiellement lieu plus tard, à l’époque moderne (en France, période allant de 1515 à 1789).
1/ A l’origine de la sorcellerie
3/ Sorcières et sorciers dans la pop-culture
A l’origine de la sorcellerie
De manière proprement historique, en Europe la répression de la sorcellerie est un phénomène qui a eu lieu entre 1430 et 1650, avec un déclin relatif entre 1530 et 1580[2], puis après 1650. Durant cette période, il y a eu des centaines de procès et entre 35 000 et 50 000 victimes. Le dernier procès pour sorcellerie a lieu en Suisse en 1782, néanmoins, cela ne signifie pas qu’il n’y a plus eu de lynchages populaires après cette date. De manière générale, les procès pour sorcellerie étaient jugés en première instance par des juges ecclésiastiques. Nous pouvons ainsi nous interroger sur la manière dont les sorcières sont apparues au sein de notre société occidentale.
Les accusations de sorcellerie sont liées aux mouvements hérétiques apparus au XIe siècle. En effet, à cette même période, l’Église a défini ce que devaient être les sacrements, les rites et les pratiques des chrétiens : c’est ce que l’on appelle la réforme grégorienne[3]. Ce « tour de vis » a suscité de nombreuses réactions, créant par conséquent des déviances et un regard dur et négatif envers les institutions ecclésiastiques, ce qui a mené à l’apparition des hérésies. Aux XIe et XIIe siècles, ces dernières s’en prenaient aussi bien aux clercs qu’aux sacrements. Par exemple, les prédicateurs vaudois (dans le sud-ouest de la France), disciples de Pierre Valdès, se sont élevés contre ce durcissement de l’autorité de l’Église, arguant que les saintes Écritures n’étaient pas réservées uniquement à une élite, donc au pouvoir, mais « à tous ceux qui tâcheraient de la traduire en actes dans leur propre vie »[4]. De même, au sein de l’élite urbaine cultivée s’imposait de plus en plus la volonté de s’impliquer davantage dans la vie de l’Église, sans passer par l’intermédiaire des clercs, voire pour certains d’entrer directement dans une union directe avec Dieu par le biais d’une expérience mystique. Ainsi, les foyers d’hérésie se multipliaient. Au XIIIe siècle, une définition de l’hérésie a été donnée : il s’agissait d’une croyance contraire à l’Écriture sainte, qui était enseignée ouvertement par un individu, laïc en général. L’hérésie devient alors rapidement une arme pour l’Église, puisque sa définition s’élargie progressivement à partir du XIVe siècle. Désormais, elle inclut toutes formes de rébellion et de désobéissance envers l’Église, un bon moyen pour celle-ci de se débarrasser d’adversaires encombrants. Pour la société, et surtout pour l’Église, le sorcier, qui a été combattu entre le XVe et le XVIIIe siècle, était une personne qui reniait le christianisme, qui se soumettait au diable en lui rendant hommage et qui participait à des activités de sabbat[5], à laquelle elle se rendait en volant, et qui accomplissait des maléfices.
Le pacte avec le diable a des origines antiques, très probablement orientales. La toute première évocation d’un tel pacte se trouve dans la légende de Basile le Grand, évêque de Césarée (330-319), l’un des Pères de l’Église. L’esclave de Basile, désireux de séduire la fille d’un sénateur, demande l’aide d’un magicien pour invoquer le diable. Celui-ci apparaît mais exige en échange de ses services que l’esclave renie le Christ par écrit. À ce moment-là, saisi par le repentir, l’esclave se tourne vers son maître, Basile, qui parvient à récupérer le pacte et à le détruire publiquement. Autre légende célèbre autour du pacte avec le diable, celle de Théophile, un clerc du VIIe siècle. Démis de ses fonctions et déçu de ne pas avoir été choisi pour succéder à un évêque, il se tourne vers un magicien juif qui lui arrange alors une rencontre avec le diable. Mais pour obtenir son aide, il doit fournir une lettre autographe du Christ et de la Vierge. Pris de remords, il se tourne vers cette dernière qui récupère le contrat passé avec le diable. Ces deux légendes ont fait du Pacte un thème populaire, réactivé dans le contexte des luttes antihérétiques à partir de l’An Mil, en particulier celles contre les Vaudois et les Cathares. Notons que l’association du Pacte et du sabbat ne se fait qu’au XVe siècle.

Gravure extraite du Compendium Maleficarum de Francesco Maria Guazzo, 1608.
Le vol, qui est lié au sabbat, permet de se rendre sur divers lieux, parfois éloignés. Il est assimilé aux croyances populaires des striges antiques. Il s’agit de démons femelles ailées, mi- femmes mi- oiseaux, qui poussent des cris perçants et raffolant de chair humaine, en particulier celle des nouveaux nés qu’elles enlevaient pour les dévorer. Dans de nombreuses régions en Europe, les élites cultivées se sont mises à croire en l’existence de femmes maléfiques qui se rendaient réellement en volant à la réunion d’une secte d’adorateurs du diable ou à un sabbat. Au XVe siècle, il était devenu irréfutable pour les clercs et les juges inquisiteurs que le vol des sorciers et sorcières existait bel et bien ; en France, en Suisse et en Allemagne, bien plus qu’en Espagne ou en Italie, l’on croyait à divers moyens de voler : le bâton magique recouvert d’un onguent fabriqué avec de la graisse d’enfant, le balais ou le chevauchement d’animaux sauvages.

Trois femmes et trois loups, aquarelle d’Eugène Grasset, vers 1900

La justice ecclésiastique construit un modèle de la sorcellerie, avec un type de personnes et de pratiques. De nombreux éléments sont associés au sabbat. Parmi eux, l’adoration de Satan, la présence du chat noir et de la chèvre ou du bouc. Par ailleurs, on retrouve également la nécrophagie[6], la sodomie, les onguents, l’imaginaire du vol nocturne, ou encore la lycanthropie. Enfin, s’y ajoutent des pratiques telles que les pactes d’argent et les marques corporelles (le corps du sorcier est souvent marqué : il s’agit d’un signe d’alliance avec le Diable). Une figure de la sorcellerie se distingue peu à peu et s’impose dans les milieux urbains, ecclésiastiques et de l’élite : la possession. Le sorcier est accusé d’être possédé par le démon. Cette possession se retrouve plus fréquemment chez les êtres les plus fragiles comme les femmes et les enfants. Elle démontre également une évolution des mentalités : le sorcier est autant victime que coupable puisque que ses actions sont liées à sa possession. Ainsi, il faut faire sortir le démon du corps du sorcier. Notons toutefois que bien qu’aux XVIe-XVIIe siècles, la sorcellerie est de plus en plus identifiée comme étant un phénomène de possession, cela ne signifie pas qu’elle n’était pas présente auparavant dans les mentalités.
La chasse aux sorcières
L’apparition de la chasse aux sorcières est liée au besoin de nouveaux boucs émissaires en remplacement de ceux qui ont disparus (par exemple, les hérétiques vaudois ou cathares).
À la fin des années 1960, l’historien Robert Mandrou a établi que la sorcellerie était une construction intellectuelle. Il s’agit d’une représentation que les juges ecclésiastiques étaient parvenus à imposer à l’ensemble de la société comme étant une référence. Les juges l’utilisaient ainsi lors de procès spectaculaires au cours desquels ils forçaient les accusés à avouer des éléments conformes à leurs attentes. Cette croyance en la sorcellerie a duré jusqu’à ce que l’élite (la noblesse et la haute bourgeoisie) cesse de croire à la chasse aux sorcières, à la chasse aux démons et à la manifestation surnaturelle des sorciers et sorcières. Mandrou a montré que l’arrêt de la croyance en la sorcellerie est lié à l’ascension des auteurs scientifiques et de leur pensée au sein de la société[7].
D’après les historiens anglo-saxons, il existe deux types de sorcellerie :
– La sorcery, c’est-à-dire la sorcellerie traditionnelle. Très souvent, une femme du village dispose de pouvoirs spéciaux, qui inquiètent autant qu’ils fascinent ses contemporains. Les villageois se méfient de son mauvais œil et des éventuels maléfices qu’elle pourrait jeter. Cependant, son aide est régulièrement sollicitée.
– La witchcraft, c’est-à-dire le fantasme de la sorcière créée par les juges inquisiteurs aux alentours des années 1430-1440. Ce serait une secte satanique d’hommes et de femmes qui auraient renié leur foi chrétienne, qui se rendraient au sabbat et rendraient un culte au diable. Lors des assemblées nocturnes, tous s’adonneraient à des orgies, se repaîtraient de la chair d’enfants et autres abominables rituels. Telle est la sorcellerie qui a convaincu la nécessité de la chasse aux sorcières. Ainsi, les persécutions ont débuté dans le deuxième quart du XVe siècle.
C’est dans le sud de l’Allemagne, le nord de la France, l’Angleterre, l’Écosse, le Danemark, la Pologne et l’Italie méridionale qu’il y a eu le plus grand nombre de procès pour sorcellerie, ainsi que le plus de victimes. Par exemple, en Écosse, en 1661-1662, il y a eu environ six cent procès en l’espace de quelques mois et près de trois cent exécutions. S’il y a des zones de chasse aux sorcières, il y a aussi des territoires qui y étaient réfractaires, notamment dans l’ouest de la France, l’Espagne et le centre de l’Italie, pour la simple raison que les juges ne croyaient pas en la réalité de la sorcellerie, que cela n’était qu’un phénomène imaginaire.

La chasse aux sorcières est liée à des actions diverses :
– Un enquêteur ecclésiastique zélé qui écume les campagnes à la recherche de sorcières, multiplie les accusations, les dénonciations et provoque des condamnations.
– Un responsable politique qui croit en la sorcellerie et s’échine à y mettre fin. Par exemple, après un voyage au Danemark, pays habitué aux chasses aux sorcières, le roi James VI d’Écosse (1567-1625) s’est intéressé à la sorcellerie qu’il considérait comme étant une branche de la théologie. En Écosse, il a assisté au procès des sorcières de North Berwick[8], qui s’est déroulé en 1590 et a concerné environ soixante-dix personnes, la première importante persécution de sorcières dans le pays depuis 1563, lorsqu’une série de lois, les Witchcraft Acts, ont réglementé la sorcellerie et imposé des punitions pour sa pratique, supposée ou non. Lors de ce procès phénoménal, plusieurs accusées, dont Agnes Sampson, la plus connue, furent reconnues coupables de sorcellerie et d’avoir volontairement provoqué des tempêtes contre les navires du monarque. Obnubilé par les menaces des sorcières, James a ainsi écrit Daemonologie, un traité de démonologie[9] qui s’oppose aux pratiques de sorcelleries. Le roi d’Écosse, et futur roi d’Angleterre[10], a personnellement dirigé des séances de torture sur des femmes accusées de sorcelleries. Cependant, après 1599, James VI est devenu plus sceptique à l’égard de la sorcellerie.
– Les fureurs populaires, lorsqu’une rumeur circule, soupçonnant voire accuse une personne d’être responsable de la mort du bétail, de l’empoisonnement d’un puits, de la mort d’un nourrisson, etc. Ces hystéries populaires ont souvent lieu en temps de difficultés, lorsqu’il est plus facile de se convaincre qu’un malheur est dû à une tierce personne malveillante plutôt qu’à un événement naturel. Cela donnait lieu à des dénonciations pour sorcellerie, mais le plus souvent à des violences populaires (lynchages, baignade de la sorcière[11], etc.).

Le plus célèbre des traités anti-sorcellerie utilisé dans le cadre de la chasse aux sorcières, provenant des inquisiteurs[12], est incontestablement le Marteau des sorcières (Malleus Maleficarum), écrit en 1486 par les Dominicains[13] allemands Henri Institoris et Jacques Sprenger. Toutefois, il ne dit quasiment rien, ou alors par allusions uniquement, sur l’adoration du diable et sur les activités pratiquées durant le sabbat (parodies de la liturgie catholique). L’Église tente alors de construire l’image d’une contre-société, celle des sorcières, mais également le stéréotype de l’hérétique adorateur du diable. Pour se faire, elle a récupéré ses arguments antihérétiques des XIIe-XIIIe siècles et y a ajouté des éléments que tenaient les Romains à propos des premiers chrétiens. Ces derniers étaient considérés comme étant des membres d’une secte pratiquant l’infanticide cannibale ainsi que l’inceste. Ce traité témoigne de la manière dont l’angoisse et l’obsession sataniques ont totalement envahi la société. Néanmoins, il existait une importante différence entre la sorcellerie et l’hérésie (celle qui a été combattue depuis l’An Mil). Tandis que l’hérétique pouvait se repentir et espérer obtenir la clémence du juge ecclésiastique, le sorcier ou la sorcière, ne mourant pas en martyr pour leur foi, étaient prêt à tous les renoncements afin de sauver leur vie. Il était donc nécessaire pour les inquisiteurs de trouver un crime qui soit impardonnable : ils en trouvèrent deux. Tout d’abord l’idolâtrie rendue au diable, puis l’apostasie, c’est-à-dire le renoncement à la foi chrétienne. Les juges ecclésiastiques ne faisaient aucune distinction entre les différents niveaux de culpabilité des accusés car « l’Ennemi était trop grand et implacable pour qu’ont fit preuve d’une quelconque clémence »[14]. L’unique moyen pour les inquisiteurs de connaître le nom des autres participants au sabbat, seule occasion pour les sorciers et sorcières de faire connaissance, était la dénonciation. Ainsi, c’est sur cette participation à la délation que la procédure inquisitoriale contre les sorciers et sorcières était fondée, quel que fut le degré de gravité de l’accusation (meurtres d’enfants, petits maléfices ayant fait tourner le lait ou détruit une culture, etc.).
C’est au XVe siècle que l’image stéréotypée de la sorcière, telle qu’elle est connue à l’époque moderne, s’est fixée.
Sorcières et sorciers dans la pop-culture
À la fin des années 1960, les féministes se sont emparées de la figure des sorcières afin que cela devienne un symbole de revendications. Ainsi, le jour d’Halloween en 1968 est apparu à New York le WITCH (Women’s Internatonal Terrorist Conspiracy from Hell[15]), dont les membres ont défilé dans les rues, main dans la main et vêtus de capes noires. « Les sorcières ont toujours été des femmes qui ont osé être courageuses, agressives, intelligentes, non-conformistes, curieuses, indépendantes, libérées sexuellement, révolutionnaires […] Vous êtes une sorcière par le fait d’être femme, indomptée, furieuse, joyeuse et immortelle. Les sorcières sont symboles de révolte contre une société patriarcale qui refuse la puissance féminine : elles sont un modèle pour les féministes d’hier et d’aujourd’hui. », WITCH, le 31 octobre 1968.
Plusieurs groupes féministes ont rapidement suivi ce mouvement et revendiqué cette identité : « Nous sommes les petites-filles des sorcières que vous n’avez pas réussi à brûler » est l’un de leur célèbre slogan. Ainsi, la figure de la sorcière est devenue un emblème de revendication et de résistance, de libération et de symbole de la lutte face aux oppressions et aux dominations patriarcales et misogynes.
Si nous mettons de côté le symbolique féministe, nous nous rendons compte que les sorcières font intégralement parties de notre univers culturel. Nous les voyons dans les livres et dans les fictions télévisées ou cinématographiques.
La toute première gentille sorcière présentée au public est Guilda, la gentille sorcière du Nord dans le film Le Magicien d’Oz de Victor Flemming en 1939. Si certains auteurs ou scénaristes aiment continuer à montrer la sorcière comme la « méchante » de l’histoire (par exemple Walt Disney avec la Méchante reine dans Blanche-Neige et les Sept nains ou encore Maléfique dans La Belle au bois dormant), désormais la sorcière est présentée sous un jour favorable, instaurant ainsi le mythe de la « bonne sorcière ». Ainsi, la série télévisée populaire Ma sorcière bien aimée (1964-1972) nous présente Samantha, et son froncement de nez bien connu, une sorcière qui a vécu durant des siècles à l’écart des humains et qui est finalement tombée amoureuse d’un mortel, Jean-Pierre Stephens.
Parmi les bonnes sorcières, dont l’histoire a été adaptée en livres, séries télévisées ou films, nous trouvons aussi Sabrina Spellman dans Sabrina l’apprentie sorcière (1996-2003) et dans son reboot sur Netflix Les Nouvelles aventures de Sabrina (2018-2020), les sœurs Halliwell, Prudence, Piper, Phoebe et Paige dans Charmed (1998-2006) ou encore Bonny Bennet dans The Vampire Diaries (2009-2017).
Mais les sorciers et sorcières les plus connus sont trois jeunes adolescents : Harry Potter, Hermione Granger et Ron Weasley. J. K. Rowling, l’auteur de la saga Harry Potter, a fait du monde des sorciers un phénomène planétaire, chacun de ses livres étant des best-sellers adaptés au cinéma entre 2001 et 2011. C’est l’autrice britannique qui va réellement redonner ses lettres de noblesses à la sorcellerie, mélangeant forces du Mal et forces du Bien, créant un monde de sorciers caché au sein même de la société moldue (nom donné aux non sorciers). Outre le succès commercial des livres et des films, Harry Potter est un univers à part entière : des communautés de fans se sont créés, certains allant jusqu’à jouer au quidditch (sport des sorciers dans la saga, aussi populaire que le football chez les non sorciers) ou encore écrire des fan fictions sur l’univers du jeune sorcier à la cicatrice en forme d’éclair. Suite à ce succès mondial, de nombreux auteurs et scénaristes ont eux aussi souhaité inventer leur propre univers de sorciers, mais sans jamais obtenir le même succès que J. K. Rowling.
Ma sorcière bien aimée Charmed Saga Harry Potter
[1] L’obscurantisme est une attitude d’opposition à la diffusion du savoir, quel que soit le domaine (scientifique, religieux, instruction, etc.).
[2] Ce déclin de la sorcellerie est lié au fait que les juges ecclésiastiques étaient confrontés à des phénomènes d’hérésie, par exemple les Cathares dans le Midi de la France qui, en opposition à l’Église catholique, ont organisé leur propre culte plus proche de celui des premiers chrétiens.
[3] La réforme grégorienne a lieu principalement sous le pontificat du pape Grégoire VII (1073-1085), d’où le nom donné à cette réforme de l’Église. Avec la redécouverte du droit romain, le pape devient le législateur suprême de la chrétienté et prétend édicter la loi ; l’Église devient donc hiérarchisée et pyramidale, avec une supériorité du pape et de l’Église sur tous les autres pouvoirs d’Occident (le pape peut donc donner des ordres aux rois, aux grands princes et aux empereurs). De plus, l’Église entend détenir le monopole de tout ce qui est lié à la sphère sacrée, c’est-à-dire interdire aux laïcs d’intervenir dans l’élection d’un évêque ou d’un abbé. Enfin, cette réforme impose le pape comme chef le plus important de la chrétienté, en insistant sur les sacrements, car seule l’Église peut conduire les fidèles au salut.
[4] VIALLET Ludovic, Sorcières, la Grande Chasse !, Paris, Armand Colin, 2013, chapitre 1 : « Même les sorcières ont un histoire ».
[5] Pour désigner l’assemblée nocturne des sorciers, l’on peut évoquer les termes « synagogue » et « sabbat », issus du judaïsme, mais également le terme « vauderie », en référence aux vaudois du XIIe siècle, qui étaient des hérétiques aux yeux de l’Église catholique.
[6] Le fait de se nourrir de cadavres.
[7] Pour en savoir plus, voir l’ouvrage Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle. Analyse de psychologie historique, de Robert Mandrou.
[8] Situé dans la région de l’East Lothian.
[9] Étude des démons, de leur nature, de leurs variétés et de leur comportement, notamment à l’égard des humains (Larousse).
[10] En 1603, James VI d’Écosse, fils de la reine d’Écosse Marie Stuart et petit cousin de la reine d’Angleterre Elisabeth Ière Tudor, a hérité de la couronne anglaise, cette dernière l’ayant désigné comme son héritier.
[11] Aussi appelée « ordalie par l’eau froide », cette baignade était un jugement de Dieu à travers une épreuve spécifique : l’on plongeait l’accusé dans de l’eau bénite par un prêtre. Puis deux solutions : soit le corps flottait, ce qui prouvait la culpabilité de l’accusé, soit le corps coulait, démontrant l’innocence de l’accusé. Ce processus était fréquemment utilisé dans le royaume de France lors de procès de sorcellerie, jusqu’à son interdiction, d’abord en 1587 puis de manière définitive en 1601.
[12] Un juge du tribunal de l’Inquisition. L’Inquisition est un tribunal spécial et permanent, dirigé par l’évêque, chargé par le pape de lutter contre l’hérésie.
[13] Religieux de l’ordre des Frères prêcheurs, fondé par saint Dominique au XIIIe siècle.
[14] VIALLET Ludovic, Sorcières, la Grande Chasse !, Paris, Armand Colin, 2013, chapitre 1 : « Même les sorcières ont un histoire ».
[15] En français : Conspiration féministe internationale venue de l’enfer. L’acronyme anglais, Witch, signifie sorcière en français.
Sources:
VIALLET Ludovic, Sorcières, la Grande Chasse !, Paris, Armand Colin, 2013.
WEILL-PARROT Nicolas, Le vrai visage du Moyen Âge. Au-delà des idées reçues, sous la direction de Nicolas Weill Parrot et Véronique Sales, Paris, Véndémaire, 2017.
www.feministsinthecity.com
www.rtl.fr
www.wikipedia.fr